Autoportrait en creux

Je suis allée faire un massage lundi dernier. Le genre de soin que je réserve lorsque j’ai le sentiment d’être nouée à tous les étages et besoin de reconnecter mon corps à un mental en surchauffe. Un format long, quatre-vingt dix minutes, avec une praticienne qui a commencé par me poser plein de questions sur mon mode de vie et ma personnalité.

A la fin de l’échange, elle conclut, « J’en retire une impression de grande…

… fragilité », dis-je, anticipant la fin de sa phrase.

Précisément à l’instant où elle prononçait le mot puissance.

Je l’ai regardée et j’ai éclaté de rire. Quand on a grandi dans un bain où les axes de progressions passent sous silence les accomplissements, évolué dans des environnements exigeants, guidés par les problèmes urgents à régler plus que par les temps de célébration, on finit par ne voir que les creux là où d’autres admirent les pleins.

Un peu comme sur un film photographique argentique, sur lequel les valeurs de luminance et de chrominance des images sont inversées par rapport à la source. Un « négatif », justement.

Alors j’écris ici ce matin pour me souvenir que l’on ne possède que les défauts de nos plus grandes qualités. Qu’il s’agirait de célébrer chaque instant réussi du quotidien si l’on voulait en donner une image exact plutôt que de focaliser sur ce qui n’a pas fonctionné. Qu’à chaque fois que l’on envisage de modifier son corps ou son comportement pour faire mieux, on ferait bien d’identifier en premier lieu ce qui est à préserver absolument.

PS / ce massage était formidable, rien de mieux qu’une séance interminable pour remettre les compteurs à zéro – si vous êtes à Paris, contacter Sabine chez Naya Studio.

Photo de cottonbro studio sur Pexels.com

Laisser un commentaire